Est-ce que
je peux utiliser librement un détecteur de métaux ?
Non !
Le Code du patrimoine (art. L. 542-1) précise que : « Nul ne
peut utiliser du matériel permettant la détection d’objets métalliques, à
l’effet de recherches de monuments et d’objets pouvant intéresser la
préhistoire, l’histoire, l’art ou l’archéologie, sans avoir, au préalable,
obtenu une autorisation administrative délivrée en fonction de la
qualification du demandeur ainsi que de la nature et des modalités de la
recherche. »
L'art.
R. 542-1 du même code ajoute que : « Lorsque les prospections
doivent être effectuées sur un terrain n’appartenant pas à l’auteur de la
demande, ce dernier doit joindre à son dossier le consentement écrit du
propriétaire du terrain. »
Mais je fais
de la « détection de loisir » ?
En droit
français, la détection dite « de loisir », menée au hasard, sans
objectif défini et sans l'autorisation préalable des propriétaires fonciers,
n'existe pas. On ne peut pas aller détecter comme on va ramasser des
champignons ! Comme l'indique l'art. L. 542-1 du Code du patrimoine,
dès que l'on recherche des objets métalliques anciens, quels qu'ils soient et
où qu'ils se situent, il faut avoir les autorisations adéquates.
Je détecte,
mais je ne vais pas sur les sites archéologiques ?
La
possibilité de détecter partout SAUF sur les sites archéologiques est une
fausse rumeur colportée sur Internet. Le territoire national dans son entier
est un réservoir de données archéologiques ; certaines sont déjà connues,
d'autres restent encore inédites. En Bourgogne, 38.000 sites sont déjà
enregistrés (plus de 500.000 à l'échelle nationale) ; ils ne représentent
qu'une petite partie de tous ceux qui existent. L'art. L. 542-1 du Code du
patrimoine n'utilise d'ailleurs pas la notion de « site ».
Si je
détecte quand même, qu'est-ce que je risque ?
L'utilisation
d'un détecteur de métaux sans autorisation est punie d'une peine d'amende
(contravention de 5ème classe). Le fait de creuser le sol pour extraire l'objet
est considéré comme une fouille clandestine ; il s'agit d'un délit,
passible de 7500 € d'amende. L'aliénation ou l'acquisition d'un objet (recel)
provenant d'une fouille clandestine est puni d'un emprisonnement de deux ans et
d'une amende de 4500 euros. La non-déclaration d'une découverte archéologique
est punie d'une amende de 3750 €. La destruction, la dégradation ou la
détérioration d'un site ou de vestiges archéologiques est passible de sept ans
d'emprisonnement et de 100.000 € d'amende. Le propriétaire des terrains
pillés peut également engager des poursuites pour vol.
Le vendeur
de mon détecteur aurait du me prévenir ?
Oui !
L'art. L. 542-2 du Code du patrimoine stipule que « Toute
publicité ou notice d’utilisation concernant les détecteurs de métaux doit comporter
le rappel de l’interdiction mentionnée à l’article L. 542-1, des sanctions
pénales encourues ainsi que des motifs de cette réglementation. ».
S'il ne l'a pas fait, il peut, lui aussi, être poursuivi (amendes pour
contravention de 5ème classe).
Mais
pourquoi des forums ou des sites Internet font-ils l'apologie de la
détection ?
La presse
spécialisée, les sites internet et les forums de détection sont
systématiquement adossés à des boutiques, qui cherchent à maintenir un marché
juteux, en développement constant. Aujourd'hui, tous les modèles de détecteurs
sont orientés vers la recherche archéologique : discrimination des métaux,
réglages sophistiqués, etc. Les détecteurs utilisés dans le BTP n'ont pas
besoin de ces raffinements.
Pourquoi
cette législation, qui semble contraignante ?
Les
archéologues cherchent avant tout à protéger et à conserver, plutôt qu'à
multiplier les fouilles ou à traquer le « bel objet », car
l'archéologie est un bien fragile, dont la ressource n'est pas inépuisable.
L'utilisation irraisonnée des détecteurs de métaux génère une grave perte
d'informations : les objets extraits sans observations rigoureuses perdent leur
contexte et donc une grande partie de leur intérêt scientifique ; les sites
pillés perdent leur mobilier métallique qui ne pourra plus, à l'avenir, venir
compléter la documentation d'une future fouille ou étude... A terme, le
patrimoine archéologique des surfaces prospectées est érodé, perturbé, dispersé
et devient inutilisable pour de futures recherches. Cela prive nos concitoyens
et les générations futures de sources inédites, nécessaires à la connaissance
du passé.
Je veux
obtenir une autorisation de prospecter au détecteur de métaux, que dois-je
fournir ?
Pour le Code
du patrimoine, toute recherche d'objets « intéressant la préhistoire,
l'histoire, l'art ou l'archéologie... » (art. L. 542-1) doit être
précédée de deux autorisations écrites, celle du propriétaire foncier (qui
reste propriétaire des objets découverts) et celle de la Préfecture concernée
(signée par délégation par le conservateur régional de l'archéologie, en DRAC).
« La demande d’autorisation précise l’identité, les compétences et
l’expérience de son auteur ainsi que la localisation, l’objectif scientifique
et la durée des prospections à entreprendre. Lorsque les prospections doivent
être effectuées sur un terrain n’appartenant pas à l’auteur de la demande, ce
dernier doit joindre à son dossier le consentement écrit du propriétaire du
terrain et, s’il y a lieu, celui de tout autre ayant droit. » (art. R. 542-1
du Code du patrimoine). En l'absence du lieu précis et d'un motif scientifique
des recherches, ainsi que de l'autorisation écrite du (des) propriétaire(s),
nous ne pourrons délivrer d'autorisation !
Des
autorisations sont-elles quand même délivrées ?
En
Bourgogne, nous délivrons une vingtaine d'autorisations de prospection au
détecteur par an, correspondant à des emprises délimitées (dont les
propriétaires ont donné leur autorisation écrite) et à des programmes de
recherche argumentés et ciblés. Il s'agit souvent d'associer la détection des
métaux à une autre opération archéologique (diagnostic, prospection pédestre ou
fouille). Le détecteur est, par exemple, précieux pour associer des éléments de
datation aux structures de pierres sèches repérées en forêt. Bien sûr, les
demandeurs doivent avoir une expérience archéologique minimum, afin de savoir
rendre compte de leurs découvertes.
J’ai quand
même envie de faire de l’archéologie et de m’intéresser au patrimoine
local !
Il existe
des associations de bénévoles qui font des recherches archéologiques et qui
regroupent des passionnés. En se rapprochant de ses associations (dont la DRAC
à la liste,) on peut s’intéresser à son patrimoine local et découvrir
l'archéologie, dans le respect de la législation. Les chantiers de fouille
estivaux, ouverts aux bénévoles, sont listés sur le site internet du
Ministère de la Culture.
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