bordure Dardon

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jeudi 5 avril 2012

UNE PETITE ÉGLISE

Une petite promenade dans la ville industrielle du Creusot m'a permis de découvrir une petite église discrète, nichée le long d'une rue tranquille. Il s'agit de l'église orthodoxe Saint Alexandre-Nevsky dont le desservant est l'Archiprêtre Eugène Czapiuk. Elle est rattachée à l'Archevêché des Eglises Orthodoxes Russe d'Europe Occidentale, exarchat du Patriarcat de Constantinople.



Pourquoi cette église ici ? Il faut remonter à l'époque de la Première Guerre Mondiale. Le Creusot, comme Paray-le-Monial, comme Chalette, comme tant d'autres villes industrielles, ont accueilli des réfugiés russes fuyant le régime bolchevik.


L’émigration russe ne formait pas un seul bloc en 1920, ce n’est pas comme on se l’imagine seuls les aristocrates qui ont fui , mais tout un peuple qui certes voulait sauver sa vie, mais aussi refusait la soumission à un régime totalitaire à la fin de la guerre civile russe ( 1917-1920), après la victoire de ce qu’on appelait les bolcheviks sur les armées blanches , une victoire que l’on pensait provisoire, mais qui était définitive, vu la nature du régime soviétique, mais on ne l’imaginait pas à ce moment.

Qui donc a émigré alors :
-ce furent donc avec l’Armée des Volontaires, les soldats et les officiers de tout grade avec leur famille tout un état qui migra :
-quatre anciens premiers ministres
-une douzaine d’anciens ministres
-des fonctionnaires de tout grade de l’Ancien Empire
-des intellectuels de tout bord , de gauche comme de droite.
-des hommes politiques de tout bord également de l’extrême droite à l’extrême gauche socialiste et anarchiste.
-des membres du clergé (prêtres et évêques)
-des paysans aussi, comme les cosaques, sorte de soldat-paysans qui avaient pris les armes contre les bolchéviks….


Jusqu’à la révolution, l’état impérial prenait à charge l’organisation ecclésiastique.
Il y avait une grande église à Paris, celle qui est devenue notre cathédrale : St Alexandre Nevsky, puis quelques églises dans les centres touristiques ( Nice, Cannes, Biarritz…). Devant l’afflux des émigrés (on estime leur nombre à environ 250 000) se fit sentir le besoin de créer des nouveaux lieux de culte.
Là on passait dans une situation totalement différente par rapport à l’ancien état russe en France « tous les cultes sont libres, mais la République ne finance aucun culte »(loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, 1905). De nouvelles paroisses furent fondées dans les grands centres où les émigrés trouvaient du travail , comme Le Creusot, Ugine , Montargis…) de taille souvent modestes, souvent dans d’anciens garages ou hangars.



Recrutés par les usines Schneider, des centaines de réfugiés de Russie arrivèrent donc pour travailler aux usines. L'église orthodoxe servait pour eux, mais aussi pour ceux qui étaient à Montchanin ou à Paray-le-Monial. Certains descendants y pratiquent toujours maintenant. C'est pourquoi cette petite église est toujours là.


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