bordure Dardon

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vendredi 21 janvier 2011

R.C.E.A.


RCEA ? pour les non-initiés, cela veut dire "Route Centre Europe Atlantique". On en parle beaucoup actuellement : grand axe ouest-est, commencé il y a plus de 40 ans, il n'est toujours pas fini. Ou, plutôt, l'itinéraire existe, mais à deux voies Et comme il passe 15.000 poids lourds par jour, .... Le tronçon Allier-Saône&Loire est donc à deux voies et tout le monde voudrait bien qu'il soit à 4 voies. mais, voilà, personne ne veut payer !


Cela me rappelle la construction initiale de cet itinéraire ... au XVIIIè siècle. C'était déjà la même chose avec, en plus, la rivalité entre les provinces : aucune ne voulait payer. Replongeons nous dans cette affaire lointaine .... et , semble-t-il, toujours d'actualité !


"A partir de 1752, les élus des Etats de Bourgogne firent ouvrir deux grandes routes à travers l’actuel département de Saône-et-Loire : l’une partant de Mâcon l’autre de Chalon et Chagny, pour confluer à La Fourche-de-Vendenesse, et poursuivre jusqu’à Digoin par Charolles et Paray-le-Monial (3). Puis, à partir de Digoin dont on souhaitait développer le commerce, on greffa d’autres routes. C’est d’abord celle de Digoin à Toulon-sur-Arroux, entreprise en 1759 et poussée ensuite jusqu’à Autun (1762). Puis, dans la direction opposée, celle de Digoin à Marcigny par Saint-Yan, amorce d’une liaison de l’Autunois avec le Beaujolais (Charlieu) ; on aurait souhaité qu’elle aille jusqu’à Roanne, mais l’Administration fit la sourde oreille.

Une fois la route de Chagny et Chalon à Digoin construite, les Elus de Bourgogne, dès 1772, cherchèrent obtenir de Trudaine, intendant des Finances chargé des Ponts et Chaussés, qu’elle soit prolongée jusqu’à Chevagnes où elle s’embrancherait sur celle d’Autun à Moulins et Limoges. L’architecte Verniquet dessina même un projet passant par Pierrefitte, Diou, Beaulon et Chevagnes. Trudaine, après avoir pris l’avis de l’inspecteur des Ponts et Chaussées Gendrier, ne vit que des avantages à cette communication entre le Charolais et le Bourbonnais, …. pourvu qu’il n’en coûtât rien à la généralité de Moulins. Aussi proposa-t-il une autre alternative : relier Digoin, non pas à Chevagnes, mais à Bourbon-Lancy, c’est-à-dire sans sortir des limites de la Bourgogne. Or, l’administration bourguignonne n’était nullement disposée à faire des frais pour ouvrir cette route, selon les conclusions de l’ingénieur Dumorey.

En 1775, cédant aux demandes des habitants de Bourbon-Lancy, et tenant compte du fait qu’un relais de poste aux chevaux venait d’y être établi sur la route Autun-Moulins, les élus bourguignons se décidèrent de mettre à l’étude le remplacement du vieux chemin de Digoin à Bourbon, « rempli de tortuosités qui l’allongent considérablement, très difficile, surtout en hiver, même pour les gens de pied, et impraticable aux cavaliers et aux voitures ». Le plan levé par Gauthey fut adopté par les Elus le 23 décembre 1775. Il donnait à la nouvelle route un tracé en dents de scie, où ne se rencontraient que quelques hameaux ou écarts : Les Guerreaux, Le Villard, La Fayette, La Garde (4). Seize petits ponts furent construits de 1778 à 1781 ; mais le franchissement de l’Arroux ne se faisait qu’à gué ou par bac au port de la Rochette.

Cette nouvelle route figure sur la carte itinéraire du duché de Bourgogne, de Seguin, mise à jour en 1780. Elle est inscrite, sous le n° 37 des grandes routes non postales, dans le tableau de 1781. Elle est rejointe, aux Jarsaillons, par la route n° 25 allant de Louhans à Bourbon-Lancy par Cuisery, Tournus, Saint-Gengoux, Joncy (carrefour important avec la route de Chalon à La Fourche), Perrecy et Gueugnon où sera construit le Grand Pont sur l’Arroux.

Dès 1782, malgré l’absence de pont sur l’Arroux à la Rochette, la poste aux chevaux fonctionna sur la ligne Dijon-Moulins par Chagny, Charolles, Digoin et Bourbon-Lancy (5). Le parcours entre ces deux localités demeurait néanmoins malaisé : route « coupée de montagnes et de rochers, très dangereuse à cause du passage de l’Arroux sur des bacs en très mauvais état », déclarait en 1786 le maître de poste de Bourbon. Cette ligne de poste, guère fréquentée, donc non rentable, sera supprimée en 1789.

A partir de 1784, l’administration modifia son réseau routier. La route de Digoin à Bourbon-Lancy (n° 37) devint le prolongement de celle qui vient de Mâcon à Digoin par Sainte-Cécile et Charolles (n° 38) et rejoignaint au Guide de Chalmoux la route n° 34. Cette dernière conduisait désormais de la Franche-Comté à Decize par Louhans, Tournus, Gueugnon, Bourbon-Lancy et Cronat.

En 1811, changement de classement des routes. Notre route n° 38 devint la route impériale n° 79, de Nevers à Genève via Decize, Digoin et Mâcon. Elle conservera cette numérotation jusqu’à ce qu’une nouvelle route, longeant la rive droite de la Loire par Saint-Agnan et Gilly, ne lui fasse perdre son intérêt économique et son titre de « route impériale n° 79 » (6).
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Qu'est-ce que les futurs historiens du XXIIè siècle vont se marrer en racontant nos démêlés de 2011.

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