par Jean-Claude NOTET
Depuis de nombreuses années le Mont Dardon (71- Uxeau) est bien connu pour son passé archéologique remarquable. Les travaux que la Physiophile y a conduits à la fin des années 1960, auxquels ont succédé,à partir de 1975, les nombreuses campagnes de recherches autorisées par la D.R.A.C. et effectuées par l’équipe américaine du Pr. Carole Crumley, ont montré que ce haut-lieu du département était un important oppidum, défendu par une triple enceinte, occupé quasiment sans discontinuité depuis le Bronze final/début du Hallstatt (900 av. J.-C. environ) jusqu’au Moyen Âge. Les recherches et publications archéologiques (notamment dans les pages de notre revue)avaient permis à la Direction des Antiquités Historiques de l’époque, d’enregistrer le caractère éminemment sensible du site, de mettre en évidence tout son intérêt diachronique et de compléter la Carte Archéologique de la Gaule. Dans le but de couvrir deux cantons (Gueugnon et Issy-l’Evêque)avec le système Internet Wimax (système onéreux et déjà dépassé technologiquement), la société NET-Bourgogne, sollicitée par le Conseil Régional, a malheureusement implanté une antenne de 36 m de hauteur sur la calotte sommitale (fig. 1). En plus du terrassement nécessaire à l’installation du socle de l’antenne (fig. 2), une profonde et longue tranchée (plusieurs dizaines de mètres) a été creusée à travers les zones les plus sensibles du site (fig. 3, 4 ), c’est à dire à l’intérieur même du rempart de l’oppidum, pour acheminer les câbles, en massacrant au passage les niveaux archéologiques. Les travaux ont été menés en toute hâte (quelques jours seulement) au début de juillet 2010 et les déblais ont été simultanément évacués par camion dans une lagune, interdisant toute récupération des vestiges archéologiques relevés.
Dès 1995, je dénonçais les dangers et revers du projet de loi sur la protection du patrimoine, devenu en 2001 la « loi sur l’archéologie préventive », qui écartait des recherches de terrain les archéologues bénévoles. Notre mobilisation collective contre les modestes détecteurs à métaux utilisés par les clandestins sur les sites archéologiques – utilisation illégale et passible de très lourdes sanctions pénales –, apparaît bien futile au regard de cette destruction massive et organisée, véritable pied-de-nez fait aux bénévoles autant qu’aux professionnels de l’archéologie.
Depuis l’application de cette loi, la protection des sites est une prérogative exclusive et obligatoire des services de l’état ; on se demande alors comment un tel massacre a pu être commandité et pourquoi aucune fouille préventive ni aucune concertation n’ont été engagées. Après avoir interpellé le Service Régional de l’Archéologie de Bourgogne pour tenter de faire émerger les responsabilités, j’ai été stupéfait d’apprendre,par une réponse de près de trois pages, qu’aucune demande d’autorisation n’avait été faite et que tout se serait déroulé « dans les règles », sans aucune « faille » administrative ; sachant qu’il ne s’agit pas d’un cas unique au niveau national, la conclusion du directeur adjoint de la D.R.A.C. de Bourgogne contient des propos pour le moins consternants : « ...l’instruction d’un dossier d’archéologie ne relève pas de l’arbitraire, mais est encadrée très précisément par des textes votés par la représentation nationale et que les services de la DRAC sont chargés d’appliquer. Ces textes fonctionnent de manière satisfaisante pour la grande majorité des cas, même si, à l’évidence pas pour le dossier du Mont Dardon qui s’est traduit par une destruction. Ce constat devrait certainement conduire mon service à proposer au préfet de Région de créer un zonage archéologique propre au Mont Dardon ».
Malgré les nombreux rapports de fouilles, articles et plaquette de vulgarisation qui ont été publiés (cf. bibliographie), on constate donc que le site n’a jamais été « zoné » et que toute tentative d’aménagement sauvage et de nuisance à son intégrité environnementale et archéologique reste encore possible ! Pourquoi cette proposition de zonage n’a t-elle pas été envisagée plus tôt ?
Sur la base de l’analyse de la situation transmise par la D.R.A.C.,la réponse laconique du Procureur de la République – que j’ai saisi en tant que Président du Comité de Recherche Archéologique de Saône-et-Loire (CDRA71) – a été la suivante : «...en absence de toute infraction pénale, aucune suite judiciaire ne peut être envisagée ». Par ailleurs, les services patrimoniaux contactés pour un classement du site (D.R.E.A.L. et Monuments historiques), se « renvoient la balle », ce qui exclut ainsi toute protection par ce biais (c’est pourtant celle qui offrirait le maximum de garanties).
Il ne nous reste plus qu’à nous attrister devant de telles exactions,commises paradoxalement... en toute légalité ! D’évidence, la loi sur la protection du Patrimoine est défaillante et il faut la réviser sans attendre ! Mais le mal est fait, irrémédiable ! Il importe maintenant d’effectuer au plus vite le zonage préconisé et de sensibiliser tous les partenaires, notamment ceux des collectivités et des associations locales,pour faire en sorte que de tels dégâts ne se reproduisent plus jamais sur ce site d’exception.
BIBLIOGRAPHIE DU SITE
– CRUMLEY C., 1977, « Les fouilles du Mont Dardon, 1976 », La
Physiophile n° 86, p. 93-102.
– CRUMLEY C., 1978, « Les fouilles du Mont Dardon, 1977 : rapport
annuel », Echos du Passé n° 39, p. 13-32. (avec Walter E. Berry).
– CRUMLEY C., 1979, « Les fouilles du Mont Dardon, 1978 : rapport
annuel », Echos du Passé n° 41, p. 17-40. (avec Walter E. Berry).
– CRUMLEY C., 1980, « Les fouilles du Mont Dardon, 1979 : rapport
annuel », Echos du Passé n° 43, p. 1-27. (avec Walter E. Berry).
– CRUMLEY C., 1993, « Le Mont Dardon : lieu de Culte, de l’Âge du
Fer au Moyen Âge », collection Bourgogne Archéologique, vol. 13
Les Amis du Dardon, Gueugnon-Dijon.
– CRUMLEY C., 2001, « Mont Dardon. Medieval Archaeology : An
Encyclopedia », Pam J. Crabtree, ed., p. 225-226; (with Elizabeth
A. Jones), Garland Publishing, New York & London.
– GREEN P., BERRY W., TIPPITT V., 1987, « Archaeological excavations
at Mont Dardon », Regional Dynamics Burgundian landscapes in
historical perspective, Academic Press, San Diego, p. 41-119.
– GROUPE ARCHÉOLOGIQUE DE GUEUGNON-MONTCEAU, 1973, « Le Mont
Dardon : les fouilles de 1965 à 1969 », La Physiophile, n° 79, p.
32-63.
– REBOURG A., 1993, Carte archéologique de la Gaule, Saône-et-
Loire 71/3, 242-Uxeau, Mont Dardon, p. 261-263, Académie des
Inscriptions et Belles Lettres, Ministère de la culture et de la francophonie,
Paris.
BIBLIOGRAPHIE DU SITE
– CRUMLEY C., 1977, « Les fouilles du Mont Dardon, 1976 », La
Physiophile n° 86, p. 93-102.
– CRUMLEY C., 1978, « Les fouilles du Mont Dardon, 1977 : rapport
annuel », Echos du Passé n° 39, p. 13-32. (avec Walter E. Berry).
– CRUMLEY C., 1979, « Les fouilles du Mont Dardon, 1978 : rapport
annuel », Echos du Passé n° 41, p. 17-40. (avec Walter E. Berry).
– CRUMLEY C., 1980, « Les fouilles du Mont Dardon, 1979 : rapport
annuel », Echos du Passé n° 43, p. 1-27. (avec Walter E. Berry).
– CRUMLEY C., 1993, « Le Mont Dardon : lieu de Culte, de l’Âge du
Fer au Moyen Âge », collection Bourgogne Archéologique, vol. 13
Les Amis du Dardon, Gueugnon-Dijon.
– CRUMLEY C., 2001, « Mont Dardon. Medieval Archaeology : An
Encyclopedia », Pam J. Crabtree, ed., p. 225-226; (with Elizabeth
A. Jones), Garland Publishing, New York & London.
– GREEN P., BERRY W., TIPPITT V., 1987, « Archaeological excavations
at Mont Dardon », Regional Dynamics Burgundian landscapes in
historical perspective, Academic Press, San Diego, p. 41-119.
– GROUPE ARCHÉOLOGIQUE DE GUEUGNON-MONTCEAU, 1973, « Le Mont
Dardon : les fouilles de 1965 à 1969 », La Physiophile, n° 79, p.
32-63.
– REBOURG A., 1993, Carte archéologique de la Gaule, Saône-et-
Loire 71/3, 242-Uxeau, Mont Dardon, p. 261-263, Académie des
Inscriptions et Belles Lettres, Ministère de la culture et de la francophonie,
Paris.
(extrait de la revue "La Physiophile" n° 154, juin 2011)
A QUOI CE BEAU PANNEAU SERT-IL DONC ?
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